La phrase de Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie hebdo : « Ils ne peuvent pas être morts pour rien », au lendemain de l’attentat du 7 janvier 2015, ne cesse de nous hanter. Et nous nous heurtons à elle chaque fois que des concitoyens tombent sous les coups de fanatiques islamistes. De plus en plus souvent, malheureusement.

Aussi, à la veille de ce cinquième anniversaire, nous ne pouvons pas éviter de nous poser la question : Que de reste-t-il de l’esprit Charlie ?
Il reste ce magazine unique  : Charlie Hebdo, qui va fêter dans quelques mois le 50e anniversaire de sa naissance.
C’est aux journalistes et caricaturistes, qui jour après jour le font vivre, que j’adresse cet hommage. Leur courage, leur indépendance d’esprit, leur talent sont un exemple dans une société dominée par le profit et la soumission aux puissants.

C’est en pensant à eux que j’ai rédigé le premier titre de la collection Débats laïques, La Laïcité, défi du XXIe siècle, au printemps 2015.
Voici ce que j’écrivais, dans le Prologue : « A travers eux, c’est la liberté de pensée, l’esprit critique vis-à-vis de tous les dogmes, de toutes les autorités politiques, religieuses ou économiques, c’est le talent satirique et le trait de génie que les frères K. ont tenté d’assassiner.

Ils voulaient tuer Charlie hebdo, symbole d’une certaine idée de la France, héritée de Voltaire et du Siècle des Lumières. Ils n’y sont pas parvenus ». Ce message n’a rien perdu de son actualité. Et il inspire encore la collection, que j’ai créée dans la foulée, pour mener ce combat contre les ennemis de la démocratie. Que reste-t-il de l’esprit Charlie ?
Au fond, l’essentiel, le souvenir de ces foules défilant le 11 janvier pour dire d’une seule voix : Je suis Charlie, indépendamment des croyances et des convictions, des choix politiques et des statuts sociaux. Car ces cortèges innombrables de Français réaffirmaient l’attachement à la laïcité, comme principe fondateur de la République et comme garant de la paix civile. Célébrons « le 11 janvier », tout au long de 2020.

Nous ferons reculer la barbarie.