Le régime néo-concordataire à petits pas : Doucet, Hidalgo, Darmanin, Macron

, par Gérard DELFAU

"la tentation néo-concordataire fait de plus en plus de ravages à gauche [...] Mais le principal danger vient de la droite et du Pouvoir"
"Pendant ce temps, l’Église catholique engrange les cadeaux à l’enseignement privé..."

Grégory Doucet, nouveau maire de Lyon, issu des Verts, vient de nommer une adjointe chargée, entre autres, des Cultes et des Spiritualités. Il n’a donc pas entendu parler de la loi de Séparation ?
Cela prouve que la tentation néo-concordataire fait de plus en plus de ravages à gauche ; ce que confirme, d’ailleurs, un décision similaire d’Anne Hidalgo, à Paris.

Mais le principal danger vient de la droite et du Pouvoir :
Gérald Darmanin, nouveau ministre de l’Intérieur, et donc des relations avec les Cultes, avait publié en 2016 un projet ouvertement concordataire, intitulé : "Plaidoyer pour un islam français" (65 pages), où il préconisait la création d’un "Grand Conseil" de l’islam, doté de larges pouvoirs et moyens financiers, et reconnu comme partenaire officiel de l’État. Il vient d’esquisser cette orientation dans sa déclaration au Sénat.
J’avais dénoncé cette proposition comme contraire à l’Article 1er de la Constitution et à la loi de 1905.
Qu’en pense aujourd’hui le Premier ministre, Jean Castex, fils d’une institutrice laïque, nous a-t-il rappelé ? Quant au Président Macron, qui avait souhaité, dans la première phase du quinquennat, procéder à la révision de la loi de 1905, avant de faire machine arrière devant notre opposition, où en est-il à présent, alors que "son" ministre Darmanin reprend à son compte cette idée ?

Et, pendant ce temps, l’Église catholique engrange les cadeaux à l’enseignement privé, tout en ayant placé ses hommes dans les rouages du pouvoir.
Son aplomb est sans limite. Il arrive même à Mgr Aupetit d’insulter le Parlement, parce que les députés ont inscrit "avec empressement" et "sans vergogne", dit-il, la révision des lois bioéthiques à la session de juillet pour faire voter l’extension de la PMA. Or cette pression continue d’un appareil clérical, pourtant décrédibilisé par les scandales et la raréfaction des fidèles, ne suscite guère de réactions.
Mesurons le chemin parcouru. De la tentation néo-concordataire, déjà ancienne, on est passé progressivement à une politique délibérée des petits pas. Avant l’assaut final ?

Il est urgent que nous, laïques, nous en prenions conscience et que nous surmontions nos divisions, pour faire front, en sachant que la solution ne peut être que politique, et que l’échéance, c’est 2022.
D’où mon engagement, à la tête d’une petite équipe, pour faire vivre le site Débats laïques, devenu une référence (merci Pascal), et la collection (10 titres parus ; merci les Éditions L’Harmattan). D’où, maintenant, la publication, avec Martine Charrier, de notre Je crois à la politique, qui esquisse les bases du rassemblement de la gauche, autour d’un programme authentiquement républicain, c’est-à-dire social, écologique et laïque. Mais le temps presse, et ni les vacances, ni la crise sanitaire ne peuvent être une excuse à notre inaction.
Gérard DELFAU
Ancien sénateur
9-07-2020
Gérard DELFAU

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Les pages : 587-590

Date de publication : 12 mars 2020 - Broché - format : 15,5 x 24 cm • 664 pages - 28€