Après le spectacle enfantin des médias complaisants qui nous disaient en substance depuis des semaines que l’oracle présidentiel allait parler, voilà que Macron décide enfin de parler sur une terre concordataire (le Haut-Rhin) où la laïcité est bafouée, sans dire un mot des trois départements métropolitains d’Alsace-Moselle où ne s’applique pas la laïcité institutionnelle – auxquels s’ajoutent la Guyane et Mayotte ! Cela commençait mal, car la meilleure façon d’appliquer la laïcité est de commencer par supprimer ces exceptions territoriales.
Et pourquoi ne pas parler de l’augmentation du financement public des écoles privées confessionnelles au détriment de l’école publique, alors que la République doit appliquer l’adage « fonds publics à l’école publique » ?
Et pourquoi de même ne pas parler de l’utilisation croissante de l’argent public pour la construction de cathédrales (Évry, Créteil pour le moins), de mosquées (Institut des cultures de l’Islam à Paris par exemple) et de bien d’autres édifices religieux de différentes confessions ?
Ni des cadeaux aux structures religieuses par les baux emphytéotiques quasiment gratuits qui obèrent d’autant les politiques sociales et culturelles nécessaires ?
Tout en oubliant que près de la moitié de nos concitoyens sont athées et agnostiques, on sème la confusion entre « culturel » et « cultuel ». Oui, l’argent public devrait en priorité être dévolu aux politiques sociales et culturelles, alors que les dépenses au profit des communautaristes sont en forte hausse, de façon scandaleuse !
Communautarisme, séparatisme : causes et effets
C’est bien pour nous le communautarisme qui entraîne le séparatisme. Ce sont bien les politiques communautaristes menées depuis des décennies par les gouvernements néolibéraux qui ont créé les ghettos que nous avons en France ici et là. Et la politique communautariste est bien le contraire d’une politique universaliste qui s’applique à tous.
Contrairement à ce que dit un président qui change les mots parce qu’il ne veut pas s’attaquer aux racines du mal, le communautarisme est une politique qui non seulement nuit à l’universel mais aussi aux communautés qui acceptent l’universalité de la loi.
Il y a donc du flou d’abord dans la pensée présidentielle de l’heure. Le communautarisme, c’est la politique des « accommodements raisonnables » négociés par les dirigeants de L’État directement avec des responsables de structures communautaristes largement minoritaires dans leur propre communauté !
La République sociale, pour nous, ne doit pas ignorer les communautés mais elle ne doit en reconnaître aucune. Pour établir sa Constitution et ses lois, la République sociale doit délibérer uniquement dans la sphère politique des citoyens et non avec les directions des structures communautaires.
Dans la proposition présidentielle délivrée à Mulhouse, il y a deux groupes de propositions. Le premier groupe est celui qui regroupe des mesures indispensables pour lesquelles on possède déjà les lois nécessaires. On peut donc se demander pourquoi les prédécesseurs de Macron mais aussi Macron lui-même n’ont jusqu’ici pas appliqué avec rigueur les articles 25 à 44 de la loi dite de 1905(1) !
Dans le deuxième groupe, il y a les scandaleuses politiques de l’État et des collectivités territoriales d’achat de la paix civile, soit par la politique des « grands frères » communautaristes, soit en négociant avec les voyous de la drogue, soit en les liant avec des accords commerciaux par exemple avec l’Arabie saoudite salafiste ou avec le Qatar ou la Turquie, dirigés par des gouvernements liés à la secte réactionnaire des Frères musulmans.
Il y a surtout un angle mort de la parole présidentielle sur les causes sociales et culturelles du communautarisme. Quand la république constitue un espoir pour les couches populaires, une politique laïque et culturelle émancipatrice est facilitée.
Mais quand une prétendue république passe son temps depuis des décennies, mais de pire en pire, à enrichir les plus riches, à appauvrir les plus pauvres, à organiser la ségrégation spatiale, à détruire les services publics dans les banlieues, en zone périurbaine et en zone rurale, les prêcheurs de haine communautaristes jouent sur du velours…
Avec la politique anti-sociale du mouvement réformateur néolibéral, la montée du communautarisme est inexorable. Derrière la façade des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient, il reste à combattre l’alliance du néolibéralisme et des forces communautaristes. Et c’est d’autant plus difficile que les directions des organisations syndicales et politiques de gauche, qui se déclarent hostiles au néolibéralisme, sont souvent complaisantes (parfois plus) avec les communautarismes religieux en général, avec les identitaires indigénistes de l’islam politique en particulier. Comment ne pas voir les liens qui existent entre certains alliés communautaristes du néolibéralisme et certains alliés d’une partie heureusement minoritaire de la gauche dite radicale, syndicale ou politique, comme l’a montré le déroulement de la manifestation du 10 novembre 2019 et l’identité des initiateurs ?
Rien ne sera réglé par le seul combat laïque. Rien ne sera réglé par le seul combat social. Rien ne sera réglé par le seul combat culturel. Pour fédérer le peuple au sens des Fédérés de 1792, il faut lier les combats laïques, sociaux et culturels(2). Et, pour y parvenir, redonner à une éducation populaire refondée ses lettres de noblesse.
Séparatisme ?... Flou... Ambiguïté...
"On se demande pourquoi les prédécesseurs de Macron mais aussi Macron lui-même n’ont jusqu’ici pas appliqué avec rigueur les articles 25 à 44 de la loi dite de 1905 ! […]
C’est bien le communautarisme qui entraîne le séparatisme. Ce sont bien les politiques communautaristes menées depuis des décennies par les gouvernements néolibéraux…"
Voir en ligne : L’article Respublica