Lors de sa conférence de presse du 23 septembre 2021, Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique a présenté aux journalistes la formation à la laïcité conçue par l’Enseignement catholique pour les personnels de ses établissements.
L’École catholique défend vigoureusement le principe de laïcité, tout comme celui de la neutralité de l’État. Mais cette neutralité ne peut être celle de la société, ni de nos écoles, ni des personnels qui y travaillent, qu’ils soient salariés ou enseignants.
Nos personnels ne peuvent pas suivre la formation sur la laïcité proposée aux enseignants du public simplement car nous avons une manière différente de vivre la laïcité dans nos établissements.
Pour nous la laïcité n’est pas l’absence de religions, mais ce qui permet leur coexistence harmonieuse. Je pense que cantonner les questions religieuses à la sphère purement personnelle encourage une forme de communautarisme, de repli identitaire.
L’École catholique entend au contraire rejoindre et accompagner les jeunes dans leur quête spirituelle, dans le respect absolu de leur liberté de conscience mais aussi dans le dialogue interculturel et interreligieux dans un contexte de pluralisme.
Nous souhaitons donc vivre pleinement la laïcité, mais en ayant quelque chose de différent à proposer.
C’est pourquoi nous allons approfondir la formation de nos personnels éducatifs, sur la manière spécifique dont nous vivons la laïcité dans nos établissements. Nous avons conçu à cette fin une formation qui sera proposée cette année à tous nos personnels éducatifs.
Le responsable de l’Enseignement catholique revendique une définition de la laïcité qui n’a rien à voir avec la laïcité républicaine. Elle ne serait rien d’autre que l’œcuménisme « ce qui permet la coexistence harmonieuse des religions entre elles.
Cette thèse fut défendue par feu « L’Observatoire de la laïcité - JL Bianco ». Sera-t-elle réellement absente des formations prévues dans le cadre du plan mis en place par le ministère de l’Éducation nationale ?
Rappelons, par ailleurs, que l’Église catholique revendique clairement la dimension prosélyte de ses écoles, comme le précise le document portant Statut de l’Enseignement catholique voté en juin 2013 par la Conférence des évêques de France.
Article 13 : « L’École catholique propose à tous son projet éducatif spécifique et, ce faisant, elle accomplit dans la société un service d’intérêt général.[...]
Art. 181 : La tutelle est garante de la dynamique missionnaire de l’école catholique. Elle veille particulièrement à ce que les responsables, en particulier le chef d’établissement et l’organisme de gestion, s’inscrivent dans cette mission reçue de l’Église, et à ce que toute leur activité trouve sa source dans l’Évangile reçu dans la Tradition de l’Église et dans la conception chrétienne de l’homme qui en est l’expression.
Cette action s’inscrit directement dans l’esprit du Concile Vatican II, pour qui la Séparation de l’Église et de l’État n’a de sens que s’il y coopération entre les deux : « Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Église sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes. » « Mais toutes deux, quoique à des titres divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes. Elles exerceront d’autant plus efficacement ce service pour le bien de tous qu’elles rechercheront davantage entre elles une saine coopération, en tenant également compte des circonstances de temps et de lieu. »
(Constitution pastorale Gaudium et Spes, n° 76, 3. du Concile de Vatican II)
Cet enseignement qui, dans le fond, rejette purement et simplement la laïcité, qui bénéficie d’un financement public : Loi Debré, Loi Carle, Accords Lang-Cloupet, etc.
La France est-elle réellement une République laïque ?
Gérard Bouchet
LIRE AUSSI la page 17 du Combat Laïque 76 N° 83 de Décembre 2021.
Quand l’État finance le séparatisme scolaire.