Ne pas imaginer que cela nous éloigne du sujet festif, au contraire. Nadia Geerts connaît ses racines, une toute petite famille « où il n’y avait qu’une maman », qui n’était pas croyante mais pas militante non plus : « J’ai été élevée sans dieu, puisqu’il n’existait pas, il n’y avait pas de raison de se casser la tête avec ça, j’ai donc grandi comme athée, pas comme laïque, et je suis arrivée à la laïcité par la république » – ses dix années à la présidence du Cercle Républicain forgeront sa puissance militante. Mais avant, il y eut l’enfance et les fêtes qui « ne ressemblaient pas à grand-chose, ce n’était pas palpitant, on était en général à six à Noël, avec mes quatre grands-parents, j’étais entourée de vieux.
Maman le fêtait parce que c’était les convenances – on n’allait pas laisser les aïeux tout seuls ce soir-là. Il y avait un sapin et j’imagine qu’il devait y avoir des cadeaux… bien que chez nous, la Saint-Nicolas fût plus importante, d’autant que je suis née le 7 décembre. Avant minuit, tout le monde était au lit, rien de mémorable, même s’il m’en est resté l’idée que c’était un moment que l’on passait en famille. » Depuis, elle demande à ses cinq enfants, qui piaffent
d’impatience, d’attendre que son anniversaire soit passé pour décorer le sapin, puis elle se plie à la tradition, avec le léger sentiment de remplir une corvée. L’année passée, elle a innové, rassemblant sa tribu autour d’elle, invitant dans la foulée le père de ses deux premiers enfants, n’oubliant évidemment pas la mère du père de ses trois autres ados, « ça s’est bien passé ». Puis elle s’est offert la joie de filer à l’anglaise le lendemain matin, direction sa maison de vacances au Pays-Bas, avec le sentiment du devoir accompli.