« La liberté, ça n’existe pas. La liberté est une pure invention de l’esprit humain qui ne prend forme que si on décide de l’exercer et de la revendiquer en la brandissant à la face du monde ».
Dans Une minute quarante-neuf secondes, Riss suit une ligne de crête entre la vie large d’avant, l’impératif de vivre et le mal de continuer d’exister, impartageable avec le monde des autres.
Alors, il faut reprendre possession du temps, face a cette poignée de secondes qui a englouti Cabu, l’éponge à détails de vie, l’incisive Elsa Cayat, le paradoxal Wolinski, Tignous la pagaille, Mustapha le docte, Bernard le caméléon, le placide Honoré, Franck le bouclier et tous ceux dont la vie a été volée par la folie du fanatisme religieux des 7, 8 et 9 janvier 2015.
Reprendre possession du temps pour garantir les conditions de la pérennité de Charlie ; protéger le titre des carriéristes opportuns et des lorgneurs de magot.
Reprendre possession du temps de vivre, avec et malgré la calcination consécutive au foudroiement.
Reprendre le dessus face aux Je ne suis pas Charlie de tout horizon, des musulmans réactionnaires pour lesquels les lois religieuses s’imposent à celles des hommes, aux « trotsko-staliniens » pour lesquels la critique de l’islam revient à critiquer les immigrés des classes laborieuses, dont ils pensent qu’ils pratiquent cette religion.
Coup double pour ces derniers : ébranler la social-démocratie en soutenant toutes les idéologies qui la combattent. Les lâches, qui défendent la liberté d’expression à condition qu’on ne s’en serve pas. Les tenants de la laïcité « apaisée » qui ne demandent jamais l’apaisement des dogmes religieux. Enfin, les délateurs de l’islamophobie, terme disqualifiant et planant comme une menace envers ceux qui oseraient critiquer la religion musulmane.
Riss conjugue le sourire des amis perdus au punch des convictions dans un livre bouleversant, une feuille de route pour ceux qui veulent faire vivre la liberté, la liberté de conscience et d’expression.
Rémy-Charles Sirvent